Il est Permis de Mettre en Garde contre les faux savants qui falsifient la religion
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
La louange est à Dieu le Créateur du monde Celui Qui existe sans début, sans fin, sans endroit, sans comment et ne dépend pas du temps, absolument rien ne ressemble à Allāh et Il est Celui Qui entend et Qui voit, quoi que tu puisses imaginer Dieu en est différent, et que l'élévation en degré et la préservation de sa communauté de ce qu'il craint pour elle soient accordées à notre maître Mouḥammad Al-'Amîn, l'Honnête, celui qui a appelé à la religion de vérité, l'Islam la religion de tous les Prophètes du premier 'Adam au dernier Mouḥammad.
Allāh ta`ālā dit le Qour'ân honoré:
« كُنتُمْ خَيْرَ أُمَّةٍ أُخْرِجَتْ لِلنَّاسِ تَأْمُرُونَ بِالْمَعْرُوفِ وَتَنْهَوْنَ عَنِ الْمُنكَرِ وَتُؤْمِنُونَ بِاللّهِ »
( kountoum khayra 'oummatin 'oukhrijat li n-nâs ta'mouroūn bi l-ma`roūfi wa tanhawna `ani l-mounkari wa tou'minoūna bi l-Lâh )
ce qui signifie: « Vous êtes la meilleure communauté, vous ordonnez le bien et interdisez le mal et vous croyez en Allāh », [sôurat 'Ali `Imrân 'Ayah 110].
Le Messager de Allāh ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam a dit :
« مَن رَّأَى مِنْكُم مُّنكَراً فَلْيُغَيِّرْهُ بِيَدِهِ فإن لم يستطع فبلسانه فإن لم يستطع فبقلبه وذلك أضعف الإيمان »
(man-ra’â minkoum mounkaran falyoughayyirhou biyadih fa'in lam yastaṭi` fabilisânihi fa'in lam yastaṭi` fabiqalbihi wa dhâlika 'aḍ`afou l-'îmân)
ce qui signifie: « Celui d’entre vous qui voit un mal qui se pratique, qu’il le change par sa main, s'il est incapable, avec sa langue et s'il est incapable, qu'il déteste cela par son cœur et ceci est le minimum de ce qui incombe », ce qui est visé par la vision dans le ḥadīth c’est le fait de prendre connaissance de cette chose blâmable et non pas particulièrement de la voir de ses yeux.
Le messager de Allāh ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam a dit :
ce qui signifie: « Allāh ôtera la science en faisant mourir les savants au point qu'il ne restera pas des savants, les gens prendront pour référence des ignorants qui interrogés, répondrons sans science provocant leur égarement et l'égarement des gens » [rapporté par al-Boukhâriyy et Mouslim]
L’imâm `Aliyy Ibnou ‘Abî Ṭālib a dit :
« ليسَ الحقُّ يُعرَفُ بالرجال ولكنَّ الرجالَ يُعرفونَ بالحق »
ce qui signifie: « ce n’est par les hommes qu’on connaît la vérité mais par la vérité qu’on connaît les hommes », c’est à dire ce n’est pas parce que telle personne est connue et réputée que forcément elle dit la vérité, mais par la vérité à savoir ce qui est conforme à la loi de Dieu qu’on sait que cette personne est véridique ou non.
Le Messager de Allāh, ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam a dit:
« إنَّ الإسْلاَمَ بَدَأَ غَرِيباً وَسَيَعُودُ غَرِيباً كَمَا بَدأَ فَطُوبَى لِلْغُرَبَاء »
('inna l-'islâma bada'a gharîban wa saya`ôudou gharîban kamâ bada' faṭôubâ li l-ghourabâ')
ce qui signifie: « L’Islam est apparu étranger et redeviendra étranger comme il a commencé, alors bonne nouvelle aux étrangers », On lui a demandé : Qui seront les étrangers ô Messager de Allāh ? Il a dit:
« الذِينَ يُصْلِحُونَ مِنْ سُنَّتِي مَا أَفْسَدَ النَّاس »
('al-ladhîna youṣliḥôuna min sounnatî mâ 'afsada n-nâs)
ce qui signifie: « Ceux qui corrigeront ce qui a été corrompu dans la voie – sounnah – que j’ai tracée », [rapporté par Mouslim et Al-Bayhaqiyy].
Or la sounnah du Prophète est la Loi que le Prophète a transmise, c’est à dire la croyance et les jugements de la Loi révélée. Il y a dans ce ḥadīth la bonne nouvelle pour celui qui s’attachera, à notre époque où la corruption s’est répandue dans la communauté, à la sounnah du Prophète c’est-à-dire à sa Loi révélée.
La législation honorée nous incite à ordonner le bien et à interdire le mal, à infirmer le faux et à confirmer le vrai. De nos jours sont devenus nombreux ceux qui donnent des avis de législation que Allāh n'a pas donnés dans la législation qu'Il a révélée. La déviation a grandi et s'est propagée davantage. Pour cela, il est nécessaire de mettre en garde contre les gens qui falsifient la religion.
Il a été authentifié au sujet du Messager de Allāh (`alayhi ṣ-ṣalātou wa salâm) qu'il a mis en garde contre celui qui trompe les gens quand il leur vendait du blé [Rapporté par Mouslim dans son ṣaḥiḥ].
Il a été authentifié de lui aussi, qu'il a dit au sujet de deux hommes (hypocrites) qui vivaient parmi les musulmans:
« ما أظن فلانًا وفلانًا يعرفان من دينِنا شيئَا »
(mâ adhounnou foulânan wa foulânan ya`rifâni min dîninâ chay'â)
ce qui signifie: « Je ne pense pas que Untel et Untel connaissent quoi que ce soit à notre religion », [Rapporté par Al-Boukhâriyy dans son ṣaḥīḥ].
D'autre part, à un orateur qui avait dit ce qui signifie: « Celui qui obéit à Allāh et à Son messager certes il est sur le droit chemin et celui qui leur désobéit, certes il s'est égaré », le Messager de Allāh (`alayhi ṣ-ṣalâtou wa salâm) a dit:
« بئس الخطيبُ أنت »
(bi'ça l-khaṭîbou 'ant)
ce qui signifie : « Quel mauvais orateur tu fais » parce qu'il avait désigné Allāh et le Messager par un seul et même pronom (leur). Il lui avait alors dit :
« قل : ومن يعص اللّه ورسوله »
(qoul wa man ya`ṣi l-Lâha wa raçôulahou)
ce qui signifie: « Dis : et celui qui désobéit à Allāh et à Son messager », [Rapporté par Aḥmad dans son Mousnad (4/256)]. Il ne s'est pas tu pour cette chose qui ne comporte pas de mécréance ni d'association -chirk-. Comment donc se taire pour celui qui falsifie la religion et qui propage cela parmi les gens, il est d'autant plus important de mettre en garde contre ce genre de personne et d'éloigner les gens de lui.
Le fait de mentionner certains égarés ne relève pas de la médisance interdite. Au contraire cela relève de la mise en garde obligatoire.
Il a été authentifié que Fâṭimah Bintou Qays a dit au Messager de Allāh ce qui signifie : « Ô Messager de Allāh, j'ai été demandée en mariage par Mou`awiyah et Abou Jahm », le Messager de Allāh (`alayhi ṣ-ṣalatou wa salâm) a dit :
« أما أبو جهم فلا يضع العصا عن عاتقه، وأما معاوية فصعلوك لا مال له، انكحي أسامة »
('amma Abôu Jahm falâ yaḍa`ou l-`aṣâ `an `âtiqih, 'ammā Mou`âwiyah faṣou`lôukoun lâ mâla lah, 'inkiḥî 'Ouçâmah)
ce qui signifie: « Concernant Abou Jahm, il ne descend pas le bâton de son épaule, quant à Mou`âwiyah il est pauvre, sans biens, maries-toi avec 'Ouçāmah », [Rapporté par Mouslim dans son ṣaḥiḥ. Aḥmad l'a aussi rapporté dans son Mousnad (6/412)].
Dès lors, si le Messager a mis Fāṭimah en garde contre eux en les mentionnant en leur absence par ce qui leur déplairait, pour les deux raisons suivantes : la première étant que Mou`awiyah était très pauvre et ne pouvait s'acquitter de ses obligations relatives aux charges familiales ; la deuxième étant que Abou Jahm battait souvent les femmes, que dire alors de certains qui prétendent avoir la science, qui trompent les gens et considèrent la mécréance comme étant de l'Islam ?!
Il est interdit de s'abstenir d'ordonner le bien et d'interdire le mal sans excuse valable selon la Loi [c’est-à-dire dans le cas où étant capable de le faire et ne craignant pas pour lui-même ou pour son bien il s’est abstenu de le faire].
Allāh Ta`âlâ dit :
﴿ لُعِنَ الَّذينَ كَفَرواْ مِنْ بَني إسْرآءيلَ عَلى لِسانِ داوُدَ وَعيسى ابْنِ مَرْيَمَ ذَلِكَ بِما عَصَوا وَّكانواْ يَعْتَدونَ كانواْ لا يَتَناهَوْنَ عَن مُّنْكَرٍ فَعَلوهُ لَبِئْسَ مَا كَانُوا يَفْعَلُونَ ﴾
(lou`ina l-ladhîna kafarôu min banî 'Isrâ'îla alâ liçâni Dâwôuda wa `Îçâ bni Maryama dhâlika bimâ `aṣaw wa kânôu ya`tadôun kânôu lâ yatanâhawna `an mounkarin fa`alôuh labi'sa mâ kânôu yaf`alôuna)
ce qui signifie : « Ceux qui ont été non-croyants parmi les fils de Isrâ’îl ont été maudits par la langue de Dâwôud et de `Içâ fils de Maryam et ce, parce qu’ils ont désobéi et qu’ils ont été injustes : ils ne s'interdisaient pas les uns les autres le mal qu'ils faisaient, comme c'est mauvais ce qu'ils faisaient » [sôurat al-Mâ’idah / 78].
Pour cela, Ach-Chāfi`iyy a mis en garde contre Ḥafṣ Al-Fard devant une assemblée de gens, il lui a dit ce qui signifie : « Tu as mécru en Allāh Celui Qui a la prééminence sur toute chose importante », [Rapporté par al-Bayhaqiyy dans manâqibou ch-Châfi`iyy]. Il a dit aussi au sujet de son contemporain Ḥarām Ibnou `Outhmān -qui rapportait les ḥadīth en mentant : « Rapporter des ḥadīth de Ḥarām, c'est Ḥarām ».
L'Imam Mālik quant à lui a récusé son concitoyen et contemporain Mouḥammad Ibnou 'Is-ḥāq l'auteur du livre Al-Maghāzī. Il a dit de lui : « C'est un menteur ». L'Imam Aḥmad a dit: « Al-Wāqidiyy est un pilier du mensonge ».
Les savants ont eu comme habitude de s'inscrire en faux les uns les autres quand ils se trompaient. Il est arrivé à l'Imam des deux Ḥaram La Mecque et Médine: c'est le surnom donné à al-Jouwayniyy de déclarer l'erreur de son père dans plus d'une question, alors que son père fait partie des grands savants qui peuvent extraire les lois des textes de ach-Châfi`iyy ('aṣ-ḥâbou l-woujoūh), c'est le degré qui vient juste derrière Ach-Chāfi`iyy, ceci ayant été cité dans Ṭabaqātou ch-Chāfi`iyyah rapporté du résumé de al-'Azdiyy [livre manuscrit]. Le but dans tout cela étant la sauvegarde de la charī`ah, parce que si l'on n'écartait pas les rapporteurs qui ne méritent pas que l'on rapporte d'eux, la religion serait perdue.
D'autre part, sachez que la base chez les spécialistes de la science de la récusation et de la déclaration de fiabilité (al-jarḥ wa t-ta`dîl) [voir en bas], c'est ce que dit la personne de son contemporain. En revanche la parole que disent certains : (Ce que disent les savants de leurs contemporains n'est pas acceptable), cette parole est à rejeter car ce sur quoi on se base dans cette science (al-jarḥ wa t-ta`dîl), c'est le contemporain de celui qui rapporte. En effet, si ce que dit quelqu'un digne de confiance qui a connu ce que raconte le rapporteur, qui a connu son état et qui l'a par la suite déclaré fiable ou l'a récusé, si cela n'était pas accepté, qu'en serait-il de la parole de celui qui est venu après son époque ? Le Messager de Allāh a dit :
« ليس الخبر كالعيان »
(layça l-khabarou kal-`iyân)
ce qui signifie: « Avoir des nouvelles d'une chose, ce n'est pas comme l'observer », [L'Imam Aḥmad Ibnou Ḥanbal l'a sorti dans son Mousnad 1/215-271 ainsi que Al-Bazzār comme dans Kachfou l-'Astâr 1/111 et Aṭ-Ṭabarāniyy dans Al-Mou`jamou l-Kabîr 12/54 et Al-'Awsaṭ comme cela est cité dans le livre Majma`ou z-Zawâ'id 1/153].
Comment connaître l'état du rapporteur qu'on déclare fiable ou récusé si on ne prend pas en compte ce que dit de lui son contemporain qui l'a fréquenté et s'est entretenu avec lui. Comme c'est vraiment étonnant à quel point cette expression odieuse s'est propagée chez ces gens-là, et plus odieuse encore la parole : (Les savants sont jaloux les uns des autres comme les boucs).
La science de Al-Jarḥ wa t-ta`dîl (récuser et considérer fiable) :
C'est une science dans laquelle on cherche à récuser les rapporteurs et à leur donné des degrés de fiabilité par des terminologies spécifiques et les degrés de ces terminologies. Cette science fait partie des branches de la sciences des hommes du ḥadīth et parler des hommes jarḥan ou ta`dîlan a été authentifié d'après le Messager de Allāh (`alayhi ṣ-ṣalatou wa salâm) puis d'après beaucoup de compagnons, de successeurs et de ceux qui sont venus après, cela a été permis par crainte et pour sauvegarder la charī`ah (Loi de l'Islam).
Tout comme il est permis de récuser des témoins ; il est de même permis de faire la récusation de ceux qui rapportent le ḥadīth et la minutie dans les choses de la religion prime sur la minutie dans les droits et les biens, c'est pour cela que les savants se sont chargés de parler de cela.
Le premier à avoir recueilli l'information à ce sujet est l'Imam Yaḥyā Ibnou Sa`îd Al-Qaṭṭân. Après lui ses disciples, ont parlé de cela Yaḥya Ibnou Mou`īn, `Aliyy Ibnou l-Madyaniyy, Aḥmad Ibnou Ḥanbal et `Amr Ibnou `Aliyy al-Fallâs et leurs disciples tels que Abou Zour`ah ad-dimachqiyy, Abou Ḥātim, al-Boukhâriyy, Mouslim, al-Jawzajaniyy, an-Naçâ'iyy, Ibnou Khouzaymah, at-Tirmidhiyy, ad-doulabiyy, Ibnou `Adiyy, al-'Azdiyy, ad-Dâraqouṭniyy et al-Ḥākim et d'autres encore. Beaucoup de livres ont été écrits dans cette science, les plus célèbres sont le livre de al-Jarḥou wa t-ta`dîl de ar-Râzi et Liçânou l-Mîzân de Al-Ḥāfidh Ibnou Ḥajar al-`Asqalâniyy.
Les conditions du ijtihād (effort d'extraction des lois islamiques)
Il est indispensable de présenter un sujet très important, à savoir que le ijtihād – l'extraction des jugements qui n'ont pas fait l'objet de textes explicites – n'est des prérogatives que de celui qui en a vérifié les conditions. Le moujtahid doit ainsi connaître par cœur les 'āyah des jugements, les ḥadīth des jugements ainsi que leurs chaînes de transmission et les hommes qui composent ces chaînes, ce qui abroge (an-nâcikh) et ce qui est abrogé (al-mansôukh), ce qui est général (al-`âmm) et ce qui est particulier (al-khāṣṣ), ce qui est absolu (al-mouṭlaq) et ce qui est restreint (al-mouqayyad), tout en maîtrisant la langue arabe de sorte à connaitre les significations des termes compris dans les textes, conformément à la langue dans laquelle a été descendu le Qour'ân. Il connaît également ce sur quoi ont été unanimes les moujtahid et sur quoi ils ont divergé car s'il ne connaît pas tout cela, on ne garantit pas pour lui de ne pas violer l'unanimité de ceux qui l'ont précédée alors que violer l'unanimité est contraire à la religion.
Il est requis en plus de tout cela une autre condition qui est un pilier important du ijtihād, et qui est la forte capacité de compréhension et d'assimilation. Il est une condition pour le moujtahid également qu'ils soit `adl – digne de confiance –, à savoir la sauvegarde des grands péchés et de la persistance sur les petits péchés de sorte à ce que ses petits péchés ne soient pas supérieurs en nombre à ses bonnes actions.
Si nous entendons parler de quelqu'un qui prétend être moujtahid et que nous voyons par la suite qu'il contredit l'unanimité des moujtahid ou les textes claires de la religion, cela est un signe qu'il est imposteur et menteur.
De plus, que l'on sache que les savants se sont accordés que le ijtihād a lieu sur les jugements et non sur les fondements de la croyance. Pour cette dernière, il n'y a pas de ijtihād mais un ittibâ` – suivre et imiter – ce sur quoi était le Messager صلى الله عليه وسلّم et ce que les compagnons ont reçu de lui. Par la suite, les tâbi`iyy – les successeurs des compagnons – qui n'ont pas rencontré le Messager de Allāh et qui ont suivi les compagnons en ces fondements et ainsi de suite jusqu'à notre époque.
Les compagnons n'ont pas eu de divergence concernant les fondements de la croyance, comme la connaissance de Allāh et les sujets de la croyance concernant ce qui va avoir lieu dans l'au-delà, comme la foi en l'existence du paradis, de l'enfer, de l'exposition des actes, la balance et autre, et que Allāh est le Créateur de toute chose : les corps, les actes apparents des esclaves ainsi que les actes du cœur. Ces fondements n'ont pas fait l'objet de divergence entre les compagnons ni la majorité de la communauté. La divergence peut avoir lieu au sujet des branches.
الحمد لله رب العالمين
La louange est à Allāh, le Créateur du monde.
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