Exégèse sourate An-Naṣr (la Victoire)
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
La signification de Bismi l-Lāh est je commence en citant le nom de Allāh et le terme Allāh est un Nom propre, spécifique à Dieu, qui désigne l’Être glorifié Qui a l’existence obligatoire, Qui mérite l’extrême glorification, Qui mérite l’extrême limite de l’humilité et de la soumission, Celui Qui a la Divinité, la puissance pour créer c’est-à-dire faire passer du néant à l’existence.
Le terme dieu est spécifique à Dieu, il n'est pas permis de l'attribuer a autre Dieu.
Ar-Raḥmān c’est-à-dire Celui Qui est très miséricordieux envers les croyants c’est-à-dire les musulmans, et les non-croyants (les non-musulmans) dans ce bas monde et envers les croyants uniquement dans l’au-delà, spécifiquement aux croyants dans l’au-delà. Ar-Raḥmān est aussi un nom spécifique à Dieu
Ainsi dans cette vie Allāh fait miséricorde aux musulmans et aux non-musulmans. Même l’air que respirent les non-croyants est une miséricorde de Dieu mais dans l’au-delà, la miséricorde de Dieu est spécifique aux musulmans. Donc il n’est pas permis de demander miséricorde pour celui qui meurt non-musulman car Dieu ne pardonne pas à celui qui meurt non-croyant.
Allāh ta`ālā dit dans le Qour’ān:
﴿وَرَحْمَتِي وَسِعَتْ كُلَّ شَيْءٍ فَسَأَكْتُبُهَا لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ﴾
ce qui signifie: « La miséricorde de Dieu dans cette vie concerne le musulman et le non-musulman et elle est spécifique au musulman dans l’au-delà », [soūrat al-’A`rāf ’āyah 156].
Ar-Raḥîm c’est-à-dire Celui Qui est très miséricordieux envers les musulmans.
﴿إِذَا جَاءَ نَصْرُ اللَّهِ وَالْفَتْحُ (1) وَرَأَيْتَ النَّاسَ يَدْخُلُونَ فِي دِينِ اللَّهِ أَفْوَاجًا (2) فَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ وَاسْتَغْفِرْهُ إِنَّهُ كَانَ تَوَّابًا (3)﴾
(ʾIdhā jāʾa naṣrou l-Lāhi wa l-fatḥ(ou) (1) wa raʾayta n-nāsa yadkhouloūna fī dīni l-Lāhi ʾafwājā(n) (2) fa sabbiḥ biḥamdi Rabbika wa staġfirhou ʾinnahoū kāna tawwābā(n) (3))
Sourate An-Naṣr médinoise à l'unanimité. Elle comporte trois versets.
Al-Qourṭoubiyy et d'autres ont dit : Elle est appelée Sourate At-Tawdīʿ (la sourate de l'adieu) et c'est la dernière sourate qui fut révélée entièrement, selon Ibn ʿAbbās, et cela est rapporté dans le Ṣaḥīḥ de Mouslim. La dernière ’āyah révélée est la ’āyah 281 de sourate al-Baqarah, ceci est rapporté par Al-Boukhārī et d'autres d'après Ibn ʿAbbās :
﴿وَاتَّقُوا يَوْمًا تُرْجَعُونَ فِيهِ إِلَى اللَّهِ ۖ ثُمَّ تُوَفَّىٰ كُلُّ نَفْسٍ مَا كَسَبَتْ وَهُمْ لَا يُظْلَمُونَ﴾
(wa-ttaqoū yawman tourjaʿoūna fīhi ilā l-Lāhi thoumma touwaffā koullou nafsin mā kasabat wa-houm lā youḍhlamoūna) [sourate al-Bbaqarah ’āyah 281]
ce qui signifie : « Et craignez un jour où vous reviendrez au jugement de Allāh et chaque âme sera rétribué en fonction de ce qu’elle a acquis et ils ne seront pas lésés ».
La parole de Allāh تعالى :
﴿إِذَا جَاءَ نَصْرُ اللَّهِ وَالْفَتْحُ (1)﴾
(ʾidhā jāʾa naṣrou l-Lāhi wa-l-fatḥ)
Cela signifie : « Lorsque viendra le secours de Allāh et la victoire ».
An-naṣr : le secours. Quant à al-fatḥ [la victoire], c'est la conquête de La Mecque, selon Moujāhid.
Al-Ḥāfiḍh ʿAbd ar-Raḥmān ibn al-Jawzī a rapporté dans son Tafsīr d'après al-Ḥasan رضي الله عنه qui a dit : Lorsque le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم a conquis La Mecque, les Arabes ont dit : « Maintenant que Mouḥammad a triomphé des habitants du Ḥaram (enceinte sacrée) alors que Allāh les avait protégés des gens de l'éléphant, vous n'avez aucune force contre lui » - c'est-à-dire aucune capacité - et ils sont entrés dans la religion agrée par Allāh en masses.
C'est cela la parole de Allāh تعالى :
﴿وَرَأَيْتَ النَّاسَ يَدْخُلُونَ فِي دِينِ اللَّهِ أَفْوَاجًا (2)﴾
(wa-raʾayta n-nāsa yadkhouloūna fī dīni l-Lāhi ʾafwājā)
ce qui signifie : « Et tu verras les gens entrer dans la religion agrée par Allāh en masses »
c'est-à-dire des groupes nombreux, un groupe après l'autre, après qu'ils entraient dans l'Islam un par un ou deux par deux.
Aḥmad a rapporté dans son Mousnad et ʿAbd ar-Razzāq dans son Tafsīr d'après Aboū Hourayrah رضي الله عنه qui a dit : Lorsque fut révélé (ʾidhā jāʾa naṣrou l-Lāhi wa-l-fatḥ) , le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit :
«أَتَاكُمْ أَهْلُ الْيَمَنِ هُمْ أَرَقُّ أَفْئِدَةً وَأَلْيَنُ قُلُوبًا، الإِيـمَانُ يَمَانٍ وَالْحِكْمَةُ يَمَانِيَّةٌ»
«ʾAtākoum ʾahlou l-Yamani houm ʾaraqqou ʾafʾidatan wa ʾalyanou qouloūbā(n), al-ʾīmānou Yamānin wa l-ḥikmatou Yamāniyyah »
Ce qui signifie « Les gens du Yémen sont venus à vous. Ils ont les cœurs les plus tendres et les plus doux. al-ʾīmānou Yamānin wa l-ḥikmatou Yamāniyyah. » et cela se trouve chez Al-Boukhārī et Mouslim. Ce sont eux au sujet desquels Allāh a révélé :
﴿فَسَوْفَ يَأْتِي اللَّهُ بِقَوْمٍ يُحِبُّهُمْ وَيُحِبُّونَهُ أَذِلَّةٍ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ أَعِزَّةٍ عَلَى الْكَافِرِينَ يُجَاهِدُونَ فِي سَبِيلِ اللَّهِ وَلَا يَخَافُونَ لَوْمَةَ لَائِمٍ﴾
(fasawfa yaʾti llāhou biqawmin youḥibbouhoum wayouḥibboūnahoū ʾadhillatin ʿalā l-mouʾminīna ʾaʿizzatin ʿalā l-kāfirīna yujāhidoūna fī sabīli llāhi walā yakhāfoūna lawmata lāʾimin)
Ce qui signifie: « Il fera venir des gens qu'Il agrée et qu'ils Lui obéissent. Ils seront doux envers les croyants et rudes envers les mécréants. Et qui combattent dans la voie que Allāh agrée et ne craignent le blâme de quiconque. »
Al-Ḥākim a rapporté dans Al-Moustadrak et Ibn ʿAsākir que lorsque cette āyah fut révélée, le Prophète صلى الله عليه وسلم désigna Aboū Moūsā al-ʾAshʿarī رضي الله عنه et dit : « Houm qawmou hādhā » qui signifie : « ceux qui suivent celui là » .
Remarque: Al-Qourṭoubiyy a dit dans son Tafsīr : "Al-Qoushayrī a dit : Les disciples d'Aboū al-Ḥasan sont ceux qui le suivent" .
Al-Ḥāfiḍh Ibn ʿAsākir a dit en mentionnant ce Ḥadīth - c'est-à-dire la parole du Prophète صلى الله عليه وسلم : « Houm qawmou hādhā » - : "Il est connu par les preuves de la raison et les arguments des fondements qu'aucun des descendants d'Aboū Moūsā n'a réfuté les partisans des faussetés ni invalidé les mises en doutes des gens de l'hérésie et de l'égarement par des arguments convaincants tirés du Livre et de la Sounnah et des preuves éclatantes du consensus et de l'analogie, si ce n'est l'Imām Aboū al-Ḥasan al-ʾAshʿarī. Et le Ḥadīth d'Aboū Moūsā est une preuve claire de la vertu de l'Imām Aboū al-Ḥasan al-ʾAshʿarī رضي الله عنه, qui a combattu les ennemis de la vérité, les a réprimés, a divisé leur parole et dispersé leur rassemblement par des arguments rationnels convaincants et des preuves textuelles rapportées éclatantes." Fin de sa parole.
Nous avons mentionné ce précieux bénéfice en raison de sa pertinence avec ces nobles versets, pour montrer et rendre manifeste ce qu'ont mentionné plus d'un savant comme al-Ḥāfiḍh al-Bayhaqī, al-Ḥāfiḍh Ibn Ḥajar, et al-Ḥāfiḍh Mouḥammad Mourtaḍā az-Zabīdī, le commentaire d'Al-Qāmoūs et l'auteur d'Al-ʾItḥāf également, où il a dit textuellement : "Chapitre II : Lorsque l'on dit Ahl as-Sounnah wal-Jamāʿah (les Gens de la Sounnah et du Consensus), on entend par là les Ashʿarites et les Mātourīdites." Fin de sa parole.
﴿فَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ وَاسْتَغْفِرْهُ إِنَّهُ كَانَ تَوَّابًا (3)﴾
(fa sabbiḥ biḥamdi Rabbika wa staġfirhou ʾinnahoū kāna tawwābā)
ce qui signifie: « Alors, glorifie ton Seigneur et demande Son pardon. Certes, Il est Celui qui accepte le repentir. »
(fa sabbiḥ biḥamdi Rabbika) comporte deux avis : le premier est la prière, selon Ibn ʿAbbās, et l'autre est la glorification connue (tasbīḥ), selon un groupe d'exégètes.
(wa staġfirhou ʾinnahoū kāna tawwābā) : Al-Boukhārī a rapporté d'après ʿĀʾishah رضي الله عنها qui a dit : Le Prophète صلى الله عليه وسلم n'a jamais fait de prière après la révélation de (ʾidhā jāʾa naṣrou l-Lāhi wa-l-fatḥ) sans y dire « Soubḥānaka Rabbanā wa biḥamdika Allāhoumma ghfir lī » . Et dans une autre version rapportée par lui d'elle, elle a dit : Le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم avait l'habitude de dire fréquemment dans son roukoūʿ (inclination) et son soujoūd (prosternation) : « Soubḥānaka l-Lāhoumma Rabbanā wa biḥamdika Al-Lāhoumma ghfir lī » , interprétant ainsi le Qourʾān.
Et dans ce Ḥadīth, il y a une preuve qu'il n'est pas blâmable toute interprétation (taʾwīl) du Qourʾān pour le simple fait d'utiliser le terme "taʾwīl".
Ce qui est blâmable, ce sont les interprétations des gens de l'hérésie comme les Mouʿtazilah, qui font des interprétations blâmables qui contredisent les textes de la religion, étant donné que l'interprétation n'est permise qu'avec une preuve, comme l'a dit az-Zarkashī dans "Al-Boūrhān fī ʿOuloūmi l-Qourʾān".
C'est également la parole de l'Imām Fakhr ad-Dīn ar-Rāzī, comme l'a rapporté as-Soūyoūṭī dans son livre "Al-ʾItqān fī ʿOuloūmi l-Qourʾān" et l'a approuvé, en disant ensuite : "Cela suffit comme parole venant de l'Imām."
De plus, as-Soūyoūṭī a consacré dans son livre mentionné un chapitre dans lequel il rapporte certaines interprétations de certains versets non explicites, tout en mentionnant l'exemption de Allāh de leur sens littéral, comme l'interprétation d'Ibn ʿAbbās de la parole de Allāh taʿālā ﴾يَوْمَ يُكْشَفُ عَنْ سَاقٍ﴿ (Yawma youkchafou ʿan sāq), disant : "Ceci est un jour de détresse et de difficulté", rapporté par al-Ḥākim qui l'a authentifié.
Il a dit : "Et parmi cela Sa parole taʿālā [6:18] ﴾وَهُوَ الْقَاهِرُ فَوْقَ عِبَادِهِ﴿ (wa houwa l-Qāhirou fawqa ʿibādih), et aussi ﴾يَخَافُونَ رَبَّهُمْ مِنْ فَوْقِهِمْ﴿ (yakhāfoūna rabbahoum min fawqihim) , et le sens visé est la domination sans direction. Et Pharaon a dit ﴾وَإِنَّا فَوْقَهُمْ قَاهِرُونَ﴿ (wa ’innā fawqahoum qāhiroūn), et il n'y a aucun doute qu'il ne voulait pas dire l'élévation spatiale." Fin de la parole d'al-Ḥāfiḍh as-Soūyoūṭī dans son livre Al-ʾItqān.
Et cela indique également que l'interprétation n'est pas blâmable pour le simple usage de ce terme, ce que nous avons mentionné d'Ibn ʿAbbās dans l'interprétation du verset (Yawma youkchafou ʿan sāq).
Ceci est l'effet de la bénédiction de l'invocation du Prophète صلى الله عليه وسلم en sa faveur d'Ibn ʿAbbās, comme cela est rapporté dans Al-Boukhārī avec les termes : «Allāhoumma ʿallimhou l-ḥikmah» , et cela se trouve chez Aḥmad et aṭ-Ṭabarānī avec les termes : «Allāhoumma faqqihhou fī d-dīni wa ʿallimhou t-taʾwīl» .
Al-Ḥāfiḍh al-Haythamī a dit dans Majmaʿ az-Zawāʾid : "Aḥmad et aṭ-Ṭabarānī l'ont rapporté avec des chaînes de transmission, et il y a chez al-Bazzār et aṭ-Ṭabarānī : «Allāhoumma ʿallimhou taʾwīla l-Qourʾān», et Aḥmad a deux voies dont les rapporteurs sont ceux du Ṣaḥīḥ."
Al-Ḥāfiḍh a dit dans Fatḥ al-Bārī : "Cette invocation fait partie de celles dont l'exaucement pour le Prophète صلى الله عليه وسلم s'est réalisé, comme on le sait de l'état d'Ibn ʿAbbās dans la connaissance du Tafsīr et de la compréhension de la religion que Allāh l'agrée." Fin de sa parole.
Et la véracité de cela apparaît dans l'interprétation d'Ibn ʿAbbās du verst ﴾وَالسَّمَاءَ بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ﴿ (wa ssamā’a banaynāhā bi’aydin) , disant (bi’aydin) : c'est-à-dire par la puissance, rapporté par al-Qourṭoubī dans son Tafsīr et rapporté par ʿAlī ibn Abī Ṭalḥah dans sa Ṣaḥīfah d'après Ibn ʿAbbās رضي الله عنهما.
Al-Boukhārī a dit dans son Ṣaḥīḥ dans le chapitre du verset (fa sabbiḥ biḥamdi Rabbika wa staġfirhou ʾinnahoū kāna tawwābā) ce qui suit : "Tawwāb (Celui qui accepte le repentir) envers les esclaves, et at-tawwāb parmi les esclaves est celui qui se repent du péché."
Puis il a rapporté d'après Saʿīd ibn Joubayr d'après Ibn ʿAbbās qu'il a dit : « ʿOumar avait l'habitude de m'introduire parmi les anciens de Badr. Certains d'entre eux semblaient contrariés et dirent : "Pourquoi l'introduis-tu parmi nous alors que nous avons des fils comme lui ?" ʿOumar répondit : "Il est parmi vous pour une raison que vous connaissez." Un jour, il m'appela et m'introduisit parmi eux. Je ne pensais pas qu'il m'avait appelé ce jour-là pour autre chose que pour leur montrer. Il dit : "Que dites-vous du verset de Allāh taʿālā (ʾidhā jāʾa naṣrou l-Lāhi wa-l-fatḥ) ?" Certains d'entre eux dirent : "Il nous a ordonné de louer Allāh et de Lui demander pardon lorsque nous sommes victorieux et que la victoire nous est accordée." D'autres restèrent silencieux et ne dirent rien. Puis il me dit : "Est-ce que tu dis la même chose, ô Ibn ʿAbbās ?" Je répondis : "Non." Il dit : "Alors que dis-tu ?" Je dis : "C'est le terme du Messager de Allāh, ṣalla l-Lāhu alayhi wa sallam, que Allāh lui a fait connaître. Il a dit : ﴾إِذَا جَاءَ نَصْرُ اللَّهِ وَالْفَتْحُ﴿ et cela est le signe de ton terme (fa sabbiḥ biḥamdi Rabbika wa staġfirhou ʾinnahoū kāna tawwābā)." ʿ dit : "Je ne sais rien de cela sauf ce que tu dis." »
Al-Ḥāfiḍh a dit dans Al-Fatḥ : « Dans ce ḥadīth, il y a une vertu évidente pour Ibn ʿAbbās et un signe de l'exaucement de l'invocation du Prophète, ṣalla l-Lāhu alayhi wa sallam, pour que Allāh lui enseigne l'interprétation et le rende savant en religion, comme il a été mentionné dans le livre du savoir. Et il y a la permission d'interpréter le Qour'ān par ce qui est compris des indications, et seul celui dont le pied est fermement ancré dans le savoir peut maîtriser cela. C'est pourquoi `Alī, que Allāh agrée, a dit : "Ou une compréhension que Allāh donne à un homme dans le Qour'ān." » Fin des paroles d'Al-Ḥāfiḍh dans Al-Fatḥ
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