Les Péchés de la Langue en Islam : la médisance al-ghîbah
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
La louange est à Dieu le Créateur du monde Celui Qui existe sans début, sans fin, sans endroit, sans comment et ne dépend pas du temps, absolument rien ne ressemble à Allāh et Il est Celui Qui entend et Qui voit, quoi que tu puisses imaginer Dieu en est différent, et que l'élévation en degré et la préservation de sa communauté de ce qu'il craint pour elle soient accordées à notre maître Mouḥammad Al-'Amîn, l'Honnête, celui qui a appelé à la religion de vérité, l'Islam la religion de tous les Prophètes du premier 'Adam au dernier Mouḥammad.
Le Prophète Mouḥammad ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam a dit :
« أَكْثَرُ خَطَايَا ابْنِ آدَمَ مِنْ لِسَانِهِ »
( ‘aktharou khaṭâyâ bni 'Ādama min lisānih )
Ce qui signifie : « La plupart des péchés du fils de ‘Adam proviennent de sa langue », [rapporté par Aṭ-Ṭabarâniyy avec une chaîne de transmission ṣaḥīḥ -sûre-].
Le Prophète a dit aussi :
« وهل يكبّ النّاسَ في النَّار على وجوههم إلاّ حَصائِد ألسنتهم »
Ce qui signifie : « Beaucoup de gens vont être jetés en enfer à cause de ce qu'ils ont dit avec leurs langues ».
Allāh ta`ālā dit :
﴿ مَا يَلْفِظُ مِن قَوْلٍ إِلاَّ لَدَيْهِ رَقِيبٌ عَتِيدٌ ﴾
( mâ yalfiḍhou min qawlin ‘illâ ladayhi Raqîboun `Atîd )
Ce qui signifie : « Il n’y a pas une parole qu’il prononce [l'esclave de Allāh] sans qu’il ait auprès de lui les deux anges Raqîb et `Atîd », [sôurat Qāf / 18].
Ainsi les deux Anges Raqîb et `Atîd écrivent tout ce qu’on dit et tout ce qu’on fait. Les plus dangereux des péchés de la langues sont les paroles d'apostasie qui annule l'Islam, voir: Comment le Musulman Préserve sa Foi. Éviter Apostasie, Mécréance, Blasphème
La médisance al-ghîbah
- Parmi les péchés de la langue, il y a la médisance (al-ghîbah) : c'est-à-dire mentionner ton frère en Islam en citant ce qui lui déplaît le concernant et cela en son absence.
Mouslim a rapporté d’après Abôu Hourayrah que le Messager de Allāh, ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam a dit :
« أتدرون ما الغيبة »
ce qui signifie : « Savez vous ce que c’est la médisance ? » ils ont dit : « Allāh sait plus que tout autre et Son Messager sait », il a dit :
« ذكرك أخاك بما يكره »
ce qui signifie : « Citer ton frère par ce qui lui déplait », un des compagnons a dit : « et si c’est vraiment en lui ce que je dis », il a dit :
« إن كان فيه ما تقول فقد اغتبته و إن لم يكن فيه فقد بهته »
Ce qui signifie : « Si c’est en lui ce que tu dis tu as fais sa médisance et si ce n’est pas en lui, tu as fais sa calomnie ».
Ainsi, la médisance c'est le fait de mentionner ton frère musulman qu’il soit vivant ou mort par ce qui lui aurait déplu s’il l’avait entendu, que ce soit des choses qui se rapportent à son corps ou à sa lignée, à ses habits, sa maison ou son comportement comme en disant par exemple : (untel est de petite taille) ou (untel louche) ou (untel a mauvais caractère) ou (il est impoli) ou (il ne considère le droit de personne) ou (il ne considère que personne n'a de mérite sur lui) ou (il dort beaucoup) ou (il mange beaucoup) ou (le fils de untel est mal élevé) ou (untel sa femme le contrôle) ou (untel n’est pas très propre) et ce qui est du même genre de ce qu’il sait que cela lui aurait déplu s’il l’avait entendu.
Les propos des savants ont été divergents au sujet de la médisance. Il y en a parmi eux qui l’ont considérée comme un grand péché et il y en a parmi eux qui l’ont considérée comme un petit péché. Ce qui est correct, c’est de détailler à ce sujet : si la médisance est à l’encontre des gens vertueux et pieux, elle est sans aucun doute un grand péché. Mais pour quelqu’un d’autre, on ne dit pas dans l’absolu qu’elle est un grand péché. Ce qui a été rapporté de Al-Qourṭoubiyy, qu’elle serait un grand péché selon l’Unanimité, n’est pas correct. Cependant, lorsqu’on fait la médisance du musulman pervers grand pécheur jusqu’à l’exagération, cela devient un grand péché. C’est par exemple, comme en exagérant en citant ses défauts dans un autre but que de mettre en garde. C’est dans ce sens qu’est expliqué le ḥadīth :
« إنَّ أَرْبَى الرِّبا اسْتِطالَةُ الرَّجُلِ في عِرْضِ أَخيهِ المُسْلِمِ »
(’inna ‘arba r-ribā 'istiṭâlatou r-rajouli fî `irḍi ‘akhîhi l-mouslim)
Ce qui signifie : « Est semblable au plus grave des gains usuraires, le fait qu’un homme se mette à exagérer en parlant en mal au sujet de son frère musulman » [rapporté par Abôu Dâwôud]. En fait, cette exagération devient un grand péché, elle compte même parmi les plus graves des grands péchés puisque le Messager de Allāh, ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam l’a assimilée au plus grave des gains usuraires, c’est-à-dire que ce péché est semblable au plus grave des gains usuraires.
Si quelqu’un parle d’un autre musulman en son absence en citant ce qui lui déplaît, mais sans citer son nom et sans que les gens ne sachent qui est visé (sans citer ce par quoi les gens le reconnaissent), ce n’est pas interdit, mais s’il le cite par ce par quoi les gens le reconnaissent c’est interdit.
Tout comme la médisance est interdite il est interdit de se taire face à cela si on est capable de renier et si on n’est pas capable il faut quitter l’assemblée où a lieu ce péché.
D’autre part, il se peut que la médisance soit permise ou plus encore, obligatoire, et ce comme dans le cas de la mise en garde contre quelqu’un qui pratique un grand péché ou une mauvaise innovation dans la croyance, une des mauvaises innovations dans la croyance qui sont en deçà de la mécréance. C’est comme également la mise en garde contre le commerçant qui fraude dans ses transactions ou la mise en garde d’un patron contre son ouvrier ou son employé qui le trahit ou encore la mise en garde contre ceux qui s’installent pour donner des avis de jurisprudence ou enseigner ou encore pour réciter sans en avoir la capacité. Cette médisance-là est donc obligatoire.
Parmi ce qui constitue une ignorance dans la religion le fait que certaines personnes émettent des objections contre la médisance de l’employé qui trahit son employeur en prétextant que ceci revient à couper la subsistance d’autrui ; ceci est une ignorance de leur part car ils prennent en considération l’intérêt de l’esclave et ne prennent pas en considération la Loi de Dieu.
Un des savants a classé les causes qui rendent permise la médisance en six, qu’il a réunies dans un vers de poésie. Il a dit :
تَظَلَّمْ وَاسْتَعِنْ وَاسْتَفْتِ حَذِّر وَعَرِّفْ وَاذْكُرَنْ فِسْقَ المُجَاهِرْ
(taḍhallam wa sta`in wa stafti ḥadh-dhir wa `arrif wa dhkouran fisqa l-moujâhir)
Ce qui signifie : « Lorsque tu te plains d’une injustice (tu peux porter plainte auprès du juge contre celui qui t’a fait une injustice) ou que tu demandes de l'aide (pour renier ce qui est blâmable), lorsque tu demandes l'avis de jurisprudence (à un savant pieux) ou que tu mets en garde (contre celui qui nuit aux gens dans leur religion ou dans leur vie d’ici bas) et pour faire connaître quelqu'un (comme s’il a voulu faire connaître quelqu’un qui n’est connu que par cela et il a dit : « untel celui qui boite » non pas dans l’intention de le blâmer mais pour le faire connaître, ceci est permis) ou pour mentionner celui qui fait un grand péché au grand jour ( pour lui faire peur et éloigner les gens de lui et non pas pour se divertir en faisant sa médisance ) ».
Quant au fait de citer le musulman par ce qui lui déplaît devant lui ceci comporte une nuisance et nuire au musulman est interdit.
C’est une ignorance très laide la parole de certains qui, lorsqu’on leur interdit la médisance, répondent : (Moi, je le dis même devant lui) comme s’ils pensaient qu’il n’y a pas de mal à citer en mal ce qui est propre à la personne, ceux-là n’ont pas connu la définition que le Messager a donnée pour la médisance lorsqu’il a dit :
« ذِكْرُكَ أَخاكَ بِما يَكْرَهُ »
(dhikrouka ‘akhâka bimâ yakrah)
Ce qui signifie : « C’est que tu mentionnes ton frère par ce qui lui déplaît ». On lui a dit : « Ô Messager de Allāh, s’il y a véritablement en mon frère ce que je dis », il a répondu :
« إنْ كانَ فيهِ فَقَدِ اغْتَبْتَه »
(’in kâna fîhi faqad ightabtah)
Ce qui signifie : « Si cela est vrai à son sujet, tu auras fait sa médisance » jusqu’à la fin du ḥadīth [rapporté par Mouslim et Abôu Dâwôud].
Allāh ta`ālā dit :
﴿ وَلاَ يَغْتَب بَّعْضُكُم بَعْضًا أَيُحِبُّ أَحَدُكُمْ أَن يَأْكُلَ لَحْمَ أَخِيهِ مَيْتًا فَكَرِهْتُمُوهُ ﴾
Ce qui signifie : « Ne faites pas la médisance les uns les autres, est ce que l’un de vous aimerait consommer la chair de son frère mort », dans cette ‘âyah Allāh fait ressembler la médisance au fait de consommer la chair de son frère mort.
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